Le Sahel… J’en avais rêvé, nous l’avons fait !!
Vendredi 13h, départ pour le Nord. Calées par la délicieuse tarte aux mangues d’Elodie, nous sommes parties en mini bus en direction de Kaya, puis de Bani et enfin de Dori, à plus de 200 km de Ouaga.
Au fur et à mesure de notre progression, nous avons découvert un paysage austère et beau à la fois. Le désert… pas le Sahara avec ses dunes de sable mais le Sahel avec sa terre sèche et ses arbres caractéristiques. Un autre monde…
Il nous a fallu plus de cinq heures pour atteindre Dori, fief des Peuls (ethnie du Nord) reconnaissables par leurs cheichs bleu indigo et parlant le Foufouldé.
Arrivées sur place, nous avons tout de suite été suivies par de jeunes garçons (association Fomtugol) qui nous ont conduites à l’Hôtel Sahel Hébergement que nous avions repéré sur le guide du Routard. Une super adresse !!
Nous avons pris possession d’une petite chambre avec douche et ventilateur, très propre et bien sympa. Nos guides nous ont ensuite proposé un circuit sur trois jours et comme il est difficile, voire impossible de se déplacer seules dans cette région, nous avons décidé de leur faire confiance et d’accepter leur programme :
Jour 1/nuit à Dori
Jour 2/départ pour Gorom-Gorom et ballade en dromadaires jusqu’aux dunes puis nuit à la belle étoile
Jour 3/retour sur Dori puis Bani et nuit à Bani.
Après une nuit bien chaude malgré la pluie, nous sommes parties avec notre guide, Koké (c’est son surnom) jusqu’à la gare de Dori afin de prendre un taxi-brousse pour Gorom-Gorom (qui signifie « asseyez-vous, on va s’asseoir » !!).
Nous avons du attendre environ deux heures avant de monter dans l’un d’entre eux et en avons profité pour visiter la ville et rencontrer les artisans locaux qui fabriquent des objets en cuir (cartables, sacs, poufs, chaussures…) et des bijoux en argent. Nous avons flâné dans les rues semblables à des labyrinthes de pierre et sommes passées par le marché.
Petit tour par la mosquée et nous voilà enfin compressées dans le taxi-brousse pour Gorom. En tout, dans le 4х4, nous étions à peu près quinze personnes : 3 devant dont le chauffeur, 4 à l’arrière dont Elodie et moi et enfin le reste dans la remorque !! 57 km de piste avec des passages de gués pas toujours évidents… Des ponts sont en construction mais cela est-il suffisant pour protéger la piste qui, dès la saison des pluies, se transforme en torrent de boue et emporte les véhicules… Notre chauffeur en doutait sur la route…
Après deux heures environ de piste, nous avons atteint Gorom-Gorom, village isolé dans le Sahel. Koké nous a emmenées voir la colline blanche qui surplombe le village. La chaleur étant intense, nous sommes allés manger un riz gras dans un petit maquis bien sympa et avons visité le village. Koké nous a emmené voir le Jardin des Femmes, un des seuls endroits verts du coin, qui, comme son nom l’indique, est cultivé exclusivement par les femmes du village qui y font pousser quelques légumes. J’ai appris à tirer l’eau du puits comme le font les femmes ici et je peux vous assurer que c’est un travail très fatiguant que de remonter l’eau avec une corde !!
Nous sommes ensuite allées au point de départ de notre ballade en dromadaires. Koké a monté Toyota, Elodie, Mercedes et moi j’étais avec Ahmed, notre chamelier (ou dromadairier !! je ne crois pas que ça se dise…!) sur Mitsubishi !!
12 km de ballade, c’est tape-cul, permettez-moi l’expression mais ça vaut vraiment le coup !! Nous sommes passés près des cases des nomades et des maisons des esclaves des touaregs (et oui, ça existe encore ici…). Le paysage était magnifique et les couleurs du soir tombant sur le Sahel ont rendu cette traversée magique.
Nous avons découvert à notre arrivée de petites dunes de sable orangé avec quelques palmiers en contrebas et un petit village.
Nous avons installé notre campement et comme la semaine précédente, les villageois sont venus à notre rencontre. Le chef du village nous a offert une grosse pintade. Nous avons observé le coucher du soleil, allongées sur une natte en bois et autour d’un feu préparé par Koké et Ahmed. Koké nous a préparé un plat excellent : spaghettis-pintade au cœur du désert, y a pas mieux !!
Après quelques thés touaregs à la menthe très sucrés, servis dans de minuscules verres (mmh, délicieux…), Koké nous a raconté, autour du feu, l’histoire des Peuls. Nous avons chanté des chansons pour lui et les villageois. C’était un très beau moment. La nuit a été pour moi une des plus belles que j’ai jamais connues : le ciel était rempli d’étoiles (j’ai compté six étoiles filantes !!), c’était magnifique !! Aucune lumière à l’horizon, de l’air frais… Un moment merveilleux…
Le lever du soleil vers 5h du matin a été aussi beau que le coucher…
Petit thé et pain et nous voilà reparties sur nos dromadaires, les fesses bien douloureuses de la veille et de la nuit sur la natte… Mais qu’importe, c’était tellement beau !!
De retour sur Gorom, nous avons repris et cette fois, sans attente (un miracle en Afrique !!) un taxi-brousse pour rejoindre Dori. Nous n’avions plus beaucoup d’argent et n’avons pas pu acheter quelques souvenirs… mais comme toujours ici, les gens sont tellement gentils que, en discutant avec Koké, celui-ci m’a fait cadeau de son cheich bleu ciel-indigo de 4m de long… Je rêvais d’en acheter un et il l’a bien compris. Un beau souvenir…
Bref, après avoir mangé un riz sauce arachide (une grosse assiette pour environ 0,50€ à deux…) et bu un bon Coca (encore un !!), nous avons dit au revoir à Koké et avons repris le bus en direction du Sud pour rejoindre Bani.
Nous avons atteint le village en début d’après-midi, sous une chaleur accablante et sommes allées nous installer à l’Hôtel Fofo. Il s’agit en fait plutôt d’une auberge rudimentaire mais bien sympa. Le gérant, Souaïbou, a le projet de construire un centre pour les enfants orphelins et de permettre leur scolarisation en y hébergeant également des volontaires étrangers pouvant leur apprendre le français (association Annura). L’hôtel est situé au bord de la route, près de la grande mosquée du village.
Après une bonne douche au seau (au fait, un demi-seau suffit pour se laver !!) et un peu de repos, nous sommes parties visiter le village avec Souaïbou. Bani est un des plus beaux villages du Burkina puisqu’il comporte sept mosquées dont une immense, construite en 1979. Celle-ci est de toute beauté et est constituée de 100 piliers avec une grande terrasse qui surplombe le village. Magnifique… Avec Elodie, nous sommes montées sur la mini falaise derrière le village pour découvrir les six autres mosquées, encore debout pour certaines ou quasi totalement effondrées pour d’autres. Un projet de réhabilitation est en cours car le patrimoine de ce village est très riche et mérite d’être conservé.
Cette ballade s’est achevée par le coucher du soleil sur les montagnes avoisinantes. Nous sommes retournées à l’Hôtel et avons mangé un plat de pâtes (vive les féculents ce week end…!). Deuxième nuit à la belle étoile étant donné la chaleur à l’intérieur de la petite chambre. Souaïbou nous a installé un matelas dans la cour et nous avons tous dormi dehors.
Ce matin, après une seconde douche au seau et un petit détour au puits du village pour remplir nos bouteilles, nous avons repris le bus pour Ouaga.
Et je n’ai pas pu m’empêcher de verser de petites larmes sur le retour (oui oui j’avoue…) tellement ce périple m’a marqué… Une région merveilleuse où nous avons pu capter l’âme du Sahel et la gentillesse de ses habitants… 3 jours de dépaysement total avec la satisfaction d’être allées au bout de nous-mêmes…