edwigeauburkina

Aujourd'hui, les travailleurs font la grève!! Ils manifestent contre l'augmentation du coût de la vie. Ca se passe dans le centre ville donc nous ne nous rendons compte de rien. 
Je m'attendais donc à ne voir personne ce matin à l'hôpital. En fait, tout le staff clinique était présent (alors qu'Elodie est rentrée vers 8h30 et ne va pas à l'hôpital demain...).

J'ai assisté à la réunion quotidienne de l'équipe et j'ai ensuite suivi le docteur Somé dans son tour à l'unité des nourrissons.
Je vais essayer de vous décrire un peu ce que j'ai vu car évidemment je n'ai pas pu prendre de photos...

Tout d'abord, les conditions d'hospitalisation sont déplorables. L'établissement n' est que de 2001 mais déjà les murs sont fissurés, le matériel est cassé... Il n'y a pas de climatisation, seulement des brasseurs d'air (et encore, ils ne marchent pas tout le temps!!).
Les chambres comprennent 3 ou 4 lits d'adultes (donc pas du tout adaptés aux enfants) et les familles s' y entassent. Tout le monde entend ce que le médecin dit, il n'y a aucune confidentialité!!
Les nourrissons hospitalisés souffrent principalement de gastro-entérite aiguë et de paludisme. On leur administre donc systématiquement deux antibiotiques car on ne connaît pas le germe précis en cause et un traitement pour le palu (même si le test de la goutte épaisse est négatif!!).
En tout, ils ont à peu près 6 à 7 médicaments (en gros toujours les mêmes) à prendre par voie injectable. Et les poches de perfusion traînent par terre... Les mères sont sans cesse en train de consoler, de bercer et de calmer leurs enfants. Parfois, il y a également le père qui est présent.
Il n'y a pas de frigo donc la conservation des médicaments est difficile (l'Augmentin par exemple) et les familles apportent elles-mêmes leur nourriture (en général de la bouillie dans des casseroles...).

J'ai donc été un peu brassée de voir tout ça et je me suis dit qu'en France, nous avons énormément de chance de disposer de matériels et de locaux adaptés!!

Ici, "on traite la maladie et non la douleur" m'a dit le médecin, donc en cas de ponction lombaire par exemple, pas d'anesthésique... Et dire qu'en France, à l'officine, les gens en veulent pour une petite piqûre de vaccin..!!
Bref, le décalage est tellement énorme que la comparaison n'est même pas possible...
J'ai terminé le tour avec un nourrisson de 43 jours... Son tour de poignet devait faire à peu près 3 cm et il devait peser à peine 3 kilos... C'est là qu'on se dit qu'ici, il faut se battre chaque jour pour la vie...

J'étais un brassée ce matin mais je crois avoir trouvé la coupable: notre salade de riz et légumes a fait des siennes dans mon estomac!! Qu'importe ça passera...
Comme je l'avais prévu, je me suis levée à 7h et je suis partie pour l'hosto, bien décidée à rencontrer ma responsable vers midi.
La matinée a été un peu meilleure que celle d'hier. J'ai été guidée par un étudiant qui m' a fait enregistré les demandes d'examen et les résultats de bactério sur l'ordi. A 11h, je croyais qu'il était midi!! Du coup, rester au labo devenait difficile pour moi: nous étions presque 10 dans une pièce d'environ 20 m2 et les étudiants n'arrêtaient pas de parler et de rigoler!! J'avais la tête comme un seau et j'ai donc décidé d'allée visiter la pharmacie hospitalière. Celle-ci est dispatchée sur deux bâtiments.
Tout d'abord, la pharmacie d'approvisionnement permettant le fonctionnement du centre (gants, matériels...) et la dispensation des antirétroviraux (ARV). Le surveillant, très sympa, m'a expliqué que les ARV étaient dispensés à part pour préserver l'intimité des gens.
L'autre pharmacie, "la vraie", est située à l'entrée du centre. C'est une pièce minuscule avec environ 300 boîtes maxi!! Le stock est vraiment mini, il y a pas mal de poussière... bref, il y a encore beaucoup à faire!!
J'ai ensuite passé la dernière demi-heure dans l'entrée du labo à écrire ma matinée!! Les gens qui passaient à côté étaient tout étonnés de voir que j'arrivais à remplir autant de pages blanches de mon cahier!!
En plus, je suis la seule blanche (on dit la "nassara" ici) du centre, donc évidemment tout le monde me regarde. Ca fait une drôle de sensation...
Ensuite, j'ai rencontré Rasmata Ouedraogo, ma responsable... et là ça a été la cata!! En fait, elle était au courant que je venais mais elle pensait  que j'avais déjà tout prévu, que j'avais un sujet... Elle m'a déprimé en me disant qu'elle était responsable des laboratoires et qu'en gros il fallait que je me débrouille, que personne ne m'encadrerait comme ça... Je suis sortie de son bureau les larmes aux yeux, découragée et j'ai repris mon taxi. Heureusement, à midi nous avons mangé avec Emile, Dimitri et François qui m'ont dit de ne pas m'inquiéter, que c'était le début et qu'elle devait être de mauvaise humeur. Du coup, j'ai presque rien mangé (y avait du porc au four très gras en plus...) et j'ai mis du temps à me remettre de cet épisode. Ca m' a énervée parce que je suis super motivée pour bosser sur place... et que je me suis rendue compte qu'un rien me stressait comme d'hab et qu'il me faudra encore du temps pour arriver à être vraiment zen... Bref, nous sommes ensuite rentrées et j'ai décompressé dans la piscine... Le soir, nous avons vu Claire, la stagiaire de l'Ambassade avec qui nous avons bien discuté. Elle est super sympa et ça nous a rassuré de voir qu'elle pensait come nous à propos des" blancs" de la résidence. Ils sont super cools mais profitent un peu trop de la belle vie ici: nounous pour les enfants, femmes de ménage (nous aussi on en a une sans le savoir vraiment... qui vient deux fois par semaine chez nous et c'est compris dans les prestations! Ca nous a mises mal à l'aise mais bon...), restos tous les soirs... Bref, une certaine forme de dominance envers les burkinabés qui nous a un peu choquées...
Enfin cette journée s'est terminée sur une belle note: nous avons eu l'idée (et le culot!!) d'aller frapper chez le voisin d'en bas qui a internet. Nous lui avons demandé si c'était possible de se connecter et il nous a dit oui tout de suite... gratos en plus!! On en revenait pas!! Nous lui porterons des caisses de bière régulièrement pour compenser...
Voilà, c'est le grand luxe et je peux tous vous joindre n'importe quand... c'est génial!!
Bref, le moral est remonté au beau fixe...
Bisous

Nous avons décidé d’aller ce matin nous présenter ensemble dans nos deux hôpitaux. Nous sommes donc parties à pied en direction du Centre Pédiatrique Charles De Gaulle. Mine de rien, même si ça doit être à environ 2 kilomètres de la résidence, dès le matin on sent vite la chaleur et les distances paraissent s’allonger.

Arrivées sur place, Mme Rasmata Ouedraogo, ma responsable de stage et chef de service des laboratoires, était évidemment absente… Nous avons découvert l’établissement qui est plutôt de petite taille et qui comprend les urgences, l’unité des nourrissons, l’unité des grands enfants, un service de pharmacie, une unité de maladies infectieuses et des blocs opératoires. Je me suis donc présentée quand même au surveillant qui m’a dit qu’il n’y avait pas de problème pour commencer mon stage demain matin.

Le centre nous a paru bien équipé et l’on s’attendait à voir pire que ça… Nous avons essentiellement vu des femmes avec leurs enfants accrochés dans le dos et entendu des pleurs de nourrissons à l’intérieur du bâtiment. J’attends demain pour en savoir plus…

Retour à la résidence en taxi (200FCFA soit 2 francs) et nous voilà reparties dans l’autre sens pour l’Hôpital Yalgado Ouedraogo où va travailler Elodie. A l’arrivée, déjà la file d’attente devant l’entrée nous a impressionnées. L’hôpital est beaucoup plus vétuste et beaucoup plus grand que le centre pédiatrique. Mr Guissou n’était évidemment pas là non plus (…) pour accueillir Elodie et nous sommes allées nous présenter au service de réapprovisionnement de la pharmacie.

Retour en taxi toujours pour 200 FCFA et repos. La chaleur est bien montée et nous sommes restées au frais, dans nos apparts puis à la piscine. Vers 16h, j’ai décidé d’aller au cyber pour donner quelques nouvelles, mais manque de pot, il y avait eu une coupure d’électricité, ce qui est très fréquent ici (même si à la résidence, le courant est vite rétabli…). Donc j’ai récupéré Elodie à son appart et nous sommes reparties à pied faire quelques courses au marché. J’y ai notamment acheté une bouilloire mais malheureusement la prise est incompatible (c’est un modèle chinois je crois, à 17 francs)!! Je vais essayer de trouver un adaptateur (dommage j’en avais un à la maison…).

Nous avons ensuite préparé une grosse salade pour nos invités : Henri et Thierry sont passés à l’appart et nous avons pris l’apéro avec eux. Henri m’a débloqué mon portable et donc j’ai une puce burkinabé. Vous pouvez me joindre à ce numéro (par contre, je pense que ça coûte un peu bonbon !!) : 00 226 (indicateur depuis la France) suivi de 70 79 82 54. Je vais essayer de trouver une combine pour vous appeler aussi en tarif réduit.

Vers 21h, Coline, étudiante de notre promo en filière industrie et ayant effectué un stage de 3 mois sur Bobo est arrivée avec sa copine burkinabé Sally. Nous avons donc mangé tous ensemble, c’était bien sympa.

Les garçons rentrés, Coline et Sally sont sorties avec un copain et ont dormi ensuite chez moi.

Nuit quasi blanche pour ma part et pourtant ce n’était pas le stress de commencer mon stage le lendemain…