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30 juillet 2008 3 30 /07 /juillet /2008 19:22


Et voilà, j’entame mon dernier mois de stage au Centre Pédiatrique et enfin, je peux dire que je me fais vraiment plaisir (ce n’est pas trop tôt, mais mieux vaut tard que jamais !!).

Tous les matins, j’arrive dans le service à 8h et je commence par discuter avec les infirmières dans la salle de soins en attendant l’arrivée des médecins qui terminent le staff.

Nous préparons les chariots avec les dossiers cliniques et le matériel d’auscultation (abaisse-langues, gants, alcool…).
Je pars ensuite pour trois heures de visite environ avec un médecin diplômé ou un interne et également une ou deux infirmières.

Le service  des Grands Enfants comprend 9 chambres de catégories 1 à 3.

Une seule chambre est de catégorie 1 et la nuitée coûte 10000 FCFA. Elle est donc réservée aux patients qui ont le plus de moyens. Il y a la climatisation, une télé (qui apparemment a été volée il n’y a pas longtemps…) et une salle de bains privée avec WC. Les murs sont tout de même bien abîmés mais c’est sûr que les patients sont tranquilles.

Les chambres de catégorie 2 comportent deux lits et le confort est moyen.

Celles de catégories 3 comportent 4 lits et là, c’est particulièrement difficile car on se retrouve parfois avec dix personnes dans la même pièce étant donné que toute la famille en général débarque dès qu’un de leur membre est hospitalisé. Il n’y a pas de climatisation, seulement deux ventilateurs au plafond, 4 lits (les parents dorment par terre ou avec leurs enfants) ainsi qu’un placard et une table de nuit pour chaque patient, et c’est tout…

 

La visite commence par le recueil des plaintes du patient. En général, on retrouve des vomissements, des diarrhées et de la fièvre. Ce sont les parents qui expliquent la situation ou parfois les patients voisins quand le médecin ne comprend pas le mooré.

Après ça, le médecin procède à l’auscultation du patient : observation de la couleur des conjonctives, des paumes des mains et des pieds pour le diagnostic des anémies puis palpation de l’abdomen, observation de la gorge et du nez, fréquence cardiaque et fréquence respiratoire… Le médecin note ses observations par écrit dans le dossier du patient et prescrit si besoin des examens paracliniques comme la numération de formule sanguine (NFS), une coproculture, un ionogramme sanguin, une échographie… dans le but de déterminer la pathologie du patient (par exemple le germe en cause dans le cas d’une infection) et pour réévaluer le traitement. Ensuite, on vérifie les médicaments des patients et on prescrit le nouveau traitement. Moi je suis chargée de retranscrire les traitements administrés sur une feuille pour permettre aux infirmiers de donner les médicaments aux heures adéquates. L’infirmière qui nous accompagne rédige l’ordonnance (et oui, ce n’est pas comme chez nous, ici ce sont elles qui le font sous l’ordre du médecin). La visite se termine par les explications du médecin car le plus souvent les parents souhaitent sortir et il faut leur expliquer pourquoi il est important que l’enfant reste hospitalisé.

En effet, ici, le manque de moyens est réel. Déjà, concernant l’hôpital, il y a actuellement une rupture de gants. Résultat : on grapille par ci par là des gants stériles et je sors mon Purell pour dépanner le personnel soignant. Les urgences sont bondées depuis deux jours à cause du palu et les patients sont à même le sol sur des pagnes.

Certaines familles ne peuvent plus payer l’hospitalisation de leur enfant et vendent tout ce qu’ils détiennent. En effet, si l’on fait le calcul, une chambre de catégorie 3 coûte 5000 FCFA la nuitée et il faut rajouter à cela les médicaments. Pour peu que l’enfant reste hospitalisé plusieurs jours,  le salaire d’un burkinabé y passe. Alors les gens sont solidaires et n’hésitent pas s’il le faut à donner parfois un bout de sparadrap ou un flacon de sérum glucosé à un voisin. L’action sociale peut intervenir pour les familles les plus démunies mais ne peut satisfaire tous les patients.

Sinon, de gros problèmes d’hygiène sont présents. Les familles apportent leur nourriture dans les chambres, les enfants urinent dans les lits, il faut sans cesse tout nettoyer. Il y règne une odeur nauséabonde, un mélange d’urine, de bouillie et de maladie…

En ce moment, le roi c’est le palu et il fait de gros dégâts… Les enfants ont des fièvres à 40 et sont complètement atoniques. Parfois, il faut les transfuser car leur taux d’hémoglobine est dans les chaussettes. Mis à part le palu, on rencontre beaucoup de gastro-entérites d’origine bactérienne ou virale ainsi que quelques cas de méningite aigüe et de fièvre typhoïde (ouf je suis vaccinée !!). Enfin, de nombreux enfants souffrent de malnutrition et la nutritionniste a beaucoup de travail. Pour vous donner une idée, j’ai vu cette semaine un enfant de 15 mois qui pesait 4 kilos… la peau sur les os…

Dans la dernière chambre, celle tout au bout du couloir, il y a mes deux petits garçons préférés qui sont là déjà depuis de nombreuses semaines pour un syndrome néphrotique. Je vais les voir tous les jours et leur ai amené de quoi les distraire un peu (quelques crayons de couleur, du papier…). Ce matin, j’ai eu le droit à deux beaux dessins que je ramènerai en France…

 

Enfin, je termine la matinée en assistant les infirmiers pendant les soins. Pour moi, c’est une torture de voir les enfants souffrir ainsi. Je suis chargée de les tenir pendant les prélèvements. Souvent, on commence par piquer sur un bras puis comme on ne trouve pas la veine, on prend l’autre bras et puis le pied… ça peut durer une demi-heure comme ça… J’ai même assisté à des PL (ponctions lombaires). Enfin, je fais quelques soins mais minimes comme changer des pansements, nettoyer une plaie… J’apprends donc beaucoup ici et j’admire le personnel soignant qui, malgré le manque de moyens, fait le nécessaire pour soigner les patients. Et surtout, je pense aux enfants et je me dis qu’être hospitalisé ici doit être une véritable épreuve, une lutte contre la souffrance et la maladie… et je me rends compte qu’en France nous avons beaucoup de chance de pouvoir accéder facilement à des soins de grande qualité sans toujours se rendre compte du coût engendré.

A méditer…

 

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commentaires

R
Slt ma ptite gomme !!!<br /> Popo m'a dit que tu étais au Burkina depuis ps mal de temps, c'est génial. Moi j'arrive mardi soir à Ouaga pr 1 mois alors ça serait vraimt cool qu'on arrive à se voir. Mon adresse c'est rachou.gui@hotmail.com <br /> Désolée de te prévenir comme ça ms je n'ai ps ton adresse!<br /> A bientôt j'espère. Rachou.
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